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Morceau d'histoire

Le train partait pour Paris. Edmée sauta dans le premier wagon, où elle put trouver sa place à l’étage. Près de la fenêtre à droite, des odeurs de kebab montaient comme un parfum d’avant. Une seniore masquée suait dans sa doudoune, et un chien dans un bagage à main faisait grelotter son collier. Edmée sauta gracilement sur son siège, en remarquant d’un oeil l’homme assis en face. Un sosie de David Lynch, avec un grand imper et des lunettes en écaille bleue ridicules, qui gâchent l’idée du personnage. Soudain il leva ses yeux vers elle et lui tendit un journal en disant : “tenez, ici, on parle de vous. “ Edmée consulta poliment le journal, pour en voir le gros titre : "EDMÉE PREND LE TRAIN”. Elle hocha la tête, puis les épaules, et s’assit.






Elle s’assit non sans regarder derrière elle, les cheveux d’un type qui avait tout l’air d’un surfeur en hiver. Il était assis à côté d’une nana tirée à quatre épingles et dont les dreadlocks étaient resserrés en un chignon orné de perles. Edmée remarqua qu’ils avaient tous les deux l’ai énervé, et qu’ils ne se parlaient qu’en onomatopée.




Le train dépassait Valence, le chien de la dame poussait des grognements réguliers, pour notifier son approbation au passage des tunnels. Elle n’avait pas encore sorti de son sac bandouillère jaune le petit paquet qu’elle était allée récupérer dans le midi. Elle commença donc à détacher les morceaux de scotch, à essayer de tirer les ficelles mais elle n’y parvenait pas. Elle glissa sa main dans sa poche, et au moment de la remonter l’homme en face lui tendit quelque chose : un petit ciseau doré. Elle le remercia, et pris d’un air soudain gêné il remit précipitamment ses ciseaux dans sa serviette.




Edmée continua à dégrafer le paquetage, et en levant les yeux vers la fenêtre elle s’aperçut que l’homme continuait de la regarder. D’un air impassible alors elle se leva, et demanda à la voisine du troisième âge de surveiller son manteau et son sac. Elle acquiesça sous son chirurgical. Edmée rejoignit rapidement les toilettes, et elle s’avait qu’en marchant elle activait ses jolis muscles arrières qui faisaient bouger son cul mignonnement.


A peine eut elle le temps d’entrer dans les toilettes que la porte se referma sur elle. Le faux David Lynch s’était enfermé avec elle. “Casper”. L’homme paraît surpris d’être appelé par son nom. Il commença à parler avec un accent slave. “Tu sais comme moi que personne ne sait pourquoi Rashough a fait ça”. Il avança sa main vers le paquetage, que Edmée serra contre sa poitrine. Elle ne dit rien, puis attrape le ciseau dans la poche de l’imper pour le plaquer sous la jugulaire de Casper. “Casper, te dis-je, écoute moi. Tu ne sais pas ce qu’il y a dans ce paquetage. Sois gentil et dis moi ce que tu veux vraiment”. Casper ne bougeait pas, et dit d’une voix faible “ Tu ne m’as jamais dit..” Edmée intriguée se rapprocha. Il l’attrappe alors par la hanche, et lui dit à l’oreille “rappelle-toi”. Alors Edmée approcha son regard et ses lèvres de Casper, et sans faire bouger l’arme tranchante dans sa main droite, elle caressa les parties du biélorusse avec ses faux ongles.


Casper s’excusa platement, et une larme de frustration coula de sa joue. Il avait trop fait souffrir Edmée en prison pour pouvoir à nouveau lever la main sur elle. Il la haïssait, certain qu’une malédiction le liait à cette fille aux yeux bleus. Il l’avait vu castrer plus d’un baron de la drogue, avec ses lames de rasoir et son air innocent. Une amertume coulait le long de son gosier, et il se contenta de mater son cul qui bondissait quant elle parti dans l’allée du train. Il s’était plusieurs fois branlé sur son image, et en lui raisonnait toutes les migraines sourdes et les crises sanguines qu’il s'était tapées les semaines qui avaient précédé par la faute de cette gamine.


Avant de reprendre sa place, Edmée avait gobé en douce une pastille codéinée, qu’elle avait chopé à sa mère en prétextant une migraine. Une petite voix dans sa tête lui disait qu’elle ne méritait pas tout le prestige qu’elle recevait des hommes qui la pourchassent, mais plutôt un bon bol de ricoré.


Elle avait compris trop tard que le paquetage lui avait été subtilisé. Le train était arrêté à Lyon, c’était le surfeur en vacances. Elle descendit précipitamment et fila en direction du wannabe Keanu Reeves.





Le gars était pressé. Elle piqua un sprint en direction des tourniquets, et les sauta avec élégance vers les escaliers roulants. Des contrôleurs vaquaient dans la gare et une dame promenait deux énormes saint-bernards en laisse. L’un des chiens regardait avec insistance un monsieur qui mangeait un sandwich au saucisson. La grand-mère du train s’était arrêtée devant le panneau d’affichage, et semblait dubitative.



Edmée les suivit à pas hâtifs jusqu’au métro, et s’engouffra dans la même rame. Elle alla s’assoir en face du malfaiteur, qui semblait avoir oublié sa compagne dans le train. Elle prit son portable, et écrivit tranquillement un message sur son smartphone. Elle avait maché peu avant avec un “Charlie” sur Tinder. Un instant après, le faux surfeur sentit sa poche vibrer. Il lut avec stupéfaction : “tout doux, le loup. un crachat de ma bouche et ta bite explose”. Il se leva alors et elle se leva aussi, se retrouvant nez à nez et avec une secousse il se retrouvèrent dans les bras l’un de l’autre. Il l’emmena par la manche en dehors du métro.


Ils ne parlaient pas mais se hâtaient et il faisait froid. Les cheveux d’Edmée était levés dans le vent et lui sentait la cardamome. Étrange parfum, qui devrait hanter les songes d’Edmée des années après.


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